J'avais rêvé de voir le paradis de près et mon rêve s'est réalisé, cet été, lorsque les 12 apôtres dont je faisais parti décidaient de franchir la frontière Italienne pour un séjour de 5 jours dans le parc national du Grand Paradis en vallée d'Aoste.
Ce parc national Italien d'une superficie d'environ 70.000 hectares est le royaume des bouquetins, mais aussi des chamois et marmottes qui se promènent tranquillement en observant les nombreux randonneurs qui empruntent les sentiers bien tracés en direction des sommets alentours dont le massif du Grand Paradis qui culmine à 4061 m.
Lundi 23 juillet - Direction le refuge Vittorio Sella
Départ à 8h15 de Saint Jorioz.
Annette, Marie-Françoise, Jean dans la voiture de Claire; Joëlle, Odile, Fernand dans la voiture de Bernard ; Mireille, Simone, Gilbert dans la voiture de Xavier, et c'est parti pour 3h30 de route et
190 km.
Le beau temps nous accompagnera jusqu'à la Brasserie "Le Tonneau" à Bourg-St-Maurice, ou un arrêt pause café permettra à chacun de se dégourdir les jambes.
La montée vers le col frontière du petit Saint Bernard sera l'occasion d'apprécier les efforts des nombreux cyclistes partis à l'assaut de ce col de 1ere catégorie ou une 2ème pause et un regroupement général aura lieu à l'arrivée du col (2.188 m) avant la descente sur Pré-Saint-Didier.
Encore un petit bout d’autoroute jusqu’à Aymavilles, puis la route de Cogne et enfin Valnontey
(1.666 m) qui sera atteint vers midi.
Le temps de trouver un emplacement sympa entre le parking et le torrent de Valnontey et nous pouvions sortir les pique nique des sacs et déguster ensuite un véritable cappuccino pris au "bar du Village" avant d’entamer à 13h15 le sentier régulier menant au Refuge.
Avec des sacs un peu lourds mais sans excès, entre 10 et 13 kg, la montée tranquille se fera sous un temps couvert et un plafond en milieu des glaciers vers 3200m.
3 heures plus tard, 920 m plus haut et 4,7 km plus loin nous arrivions au Refuge Vittorio Sella
(2.584m) vers 16h15 ou il nous fut attribué un seul et unique dortoir mixte de 18 places.
18 places pour 12 personnes, c'est plus qu'il n'en fallait et chacun trouva sa place facilement et bien que le dortoir manqua de rangements, les affaires de changes, de toilette ou de randonnées trouvèrent leurs places soit au sol, soit sur des patères en nombre restreints ou encore sur les lits restés vacants.
La fin de l'après midi était consacré à la visite des environs pour certains et à des parties de scrabble ou bridge pour d'autres.
A 19h30, le repas était servi avec au menu : Soupe ou pâtes en entrée, cerf et petits légumes en plat principal et flan ou glace en dessert, le tout arrosé d'un vin rouge italien digne des plus mauvais vins 1er prix de nos supermarchés.
Après le repas, encore quelques jeux avant de découvrir l'eau à 5° des salles d'eau pour un brossage des dents "rafraichissant" et l'extinction des feux vers 22h00.
Mardi 24 juillet - Bivouac Léonessa
6h15, quels sont ces bruits étranges ?
Un petit coup d'œil encore ensommeillé pour découvrir la hantise de ceux qui voudraient bien dormir encore un peu et au moins jusqu'à 7h, heure prévue pour le réveil.
Les sacs plastiques et fermetures éclairs que Fernand s'escrimait à ouvrir et fermer à la recherche de je ne sais quel objet, attirèrent le courroux des dormeurs qui finalement n'arriveront pas à se rendormir et à 6h30 tout le monde était sur le pied de guerre et la toilette avec l'eau glaciale évoquée plus haut terminait de réveiller les plus récalcitrants.
Le petit déjeuné - Café, thé, pain, confiture - fut pris tranquillement avant un départ à 8h10, sous un ciel couvert, pour une longue traversée en balcon, presque plein sud, sur la rive gauche de la vallée de Valnontey.


Pour se mettre en jambes, une petite montée d'une centaine de mètres nous mènera au Lac Lauson (2634m) et il ne fallut pas très longtemps pour apercevoir devant nous l'élégance des hardes de chamois et les cabrioles des chevreaux sous l'œil attentif des mamans.
Le « Gran Paradiso » 4.061m et son grand glacier de Tribolazione apparaissent parfois lorsque les nuages acceptent de s'écarter rapidement pour nous en mettre plein la vue, mais juste ce qu'il faut, histoire de nous faire patienter jusqu'à la prochaine éclaircie.
S'ensuivra une longue descente avec le contournement du Bec du Vallon et le Plan di Récelloz qui aboutira, à 10h40, à la Casolari de l’Herbètet (2.435m), ou quatre d'entre nous choisissent d’en rester là, après 5,5 km de marche parcourus en 2h30.
Les 8 autres montent, à l’ouest sous le Grand Serra (3.552m) que l'on voit à droite, sur un sentier caillouteux de 2,5 km, ou à chaque changement de direction, nous espérons apercevoir le Bivouac Léonessa (2.910m) qui fut atteint vers 12h30.
La cabane bien aménagée avec 2 tables et 8 couchages propres est un abri bien apprécié, car le temps est plutôt frais et venteux. C'est là que, vers 12h45, nous sortons des sacs le repas froid préparé au refuge (Oeuf dur, jambon, fromage, barre chocolaté, gâteau et pomme).
Le temps commence à se découvrir et après une descente de 2h00, un bon soleil nous accueille pour un petit repos de 30mn à la casolari de l'Herbètet.
Tous les sommets sont, enfin, dégagés et nous pouvons découvrir à gauche du Grand Paradis, la Torre del Gran S. Pietro (3.692m) et toute la chaîne de la rive droite du torrent de Valnontey (Punta Cisseta, Valmiana, Fenilia).
A 15h30, le retour en ligne jusqu'au refuge, se fait sur un parcours de 5,5 km en montagne russe plutôt éreintant.
L'arrivée à 18h00 permettra de prendre une bonne douche chaude à 2,50€ les 5 mn, puis un apéritif certifié Italien au même tarif avant le diner servi à 19h30.
Outre l'entrée et le dessert qui seront identiques tous les soirs, le chef proposera ce soir là du poulet et ses légumes de pomme de terre.
Après le dîner, les jeux se font courts et le dortoir retrouve le calme après l'extinction des feux vers 21h30.
+1030m (dont +350 au retour), Montée=4h20, H=8h, D=16km (Herbètet-Bivouac +475m, 1h50)
Mercredi 25 juillet - Col Lauson
7h00, les sacs plastiques sont restés au repos et le dortoir s'éveille progressivement.
A 7h45 la salle de petit déjeuné affiche complet et le beau temps est au rendez vous pour une journée dite de repos.
A 8h30, le départ est donné pour une course en ligne réputée « facile »; le Col Lauson (ou Loson) perché à 3.299m.
La montée de 240 m, plein Ouest, jusqu’à la bifurcation vers le col de la Rousse (Della Rossa) se fait en 50 mn sur un sentier à pente régulière de 2,2 km, ou les marmottes habituées aux randonneurs se font plus nombreuses que les chamois.
A partir de là, l’itinéraire devient plus raide et beaucoup plus délicat à l'approche du col, lorsque nous atteignons les schistes argileux gris. Auparavant nous avons marqué une pause symbolique à l'altitude 3000m que la plupart franchissait pour la 1ère fois.


A notre arrivée au col vers 10h45, des groupes de randonneurs, déjà sur place, décidèrent d'aller voir ailleurs et nous laissèrent l'emplacement pour une longue halte que la plupart utiliseront pour prendre des photos ou se reposer, pendant qu’une équipe de 5 entreprenait la montée vers la Punta del Tuf 100m plus haute qui fut de courte durée (+30m) après le chaos du départ et au vu de l’inclinaison des dalles finales.
Le temps commence à se couvrir, le vent se lève et un demi tour s'impose pour rechercher un coin pique-nique plus confortable. Une butte est trouvée à la cote 3.000 pour une pause déjeuné qui sera un peu plus courte pour Claire et Fernand qui accompagneront Annette, plutôt pâlotte et indisposée, jusqu'au refuge. Pour les autres, le retour au refuge se fera en 45 mn qui sera atteint vers 14h30.
Toute l’après-midi se passera au refuge avec des petites siestes ou petites balades et cette fois, les jeux feront fureur, mais la malade paraît bien malade.
Après la soupe ou les pates, du rosbif accompagné de délicieuses pommes de terre cuites au four sera servi dans une ambiance détendue et où la compote de pomme préparée spécialement pour Annette ne suffira pas à la guérir.
+730m, M=2h15, H=4h, D=9,3km
Jeudi 26 juillet - Punta Rossa 3.630m
Comme les jours précédents, l'horloge biologique de chacun a bien fonctionnée et à 7h00 les yeux commencent à s'ouvrir, les jambes à se déplier, les bras à s'étirer et les sacs plastiques à retrouver leurs ardeurs du 1er jour.
Toilette, petit déjeuné et départ à 8h10 à 11, sans Annette qui a passé une sale nuit.
Le soleil brille et nous empruntons la même route que la veille sous le regard avisé de marmottes et de quelques bêtes lointaines.
50 mn plus tard nous prenons plein Nord en direction du col de la Rousse et le groupe passe à coté d’un gros bouquetin indolent qui avait abandonné les autres que nous repérons, un peu plus loin, sur la gauche.
La fin de la montée se fait très raide avec des ruissellements d'eau à franchir et nous constatons que le glacier di Rayes Noires, sensé être à notre gauche n’existe plus.
A 10h00, nous arrivons au Colle della Rossa 3.195m (ça fait mieux en italien) et après une pause de 20 mn, le groupe se scinde en 2.
Sept choisissent de s’arrêter et de parcourir tranquillement la Cresta del Lauson pour atteindre un sommet situé 50 m plus haut et sous lequel trône un bouquetin placé sous son profil le plus avantageux.
Les 4 autres, Marie Françoise, Mireille, Xavier et Gilbert, s’engagent, dès 10h20, sur un parcours peu engageant sur rochers chaotiques pour atteindre plus bas un sentier remontant un éboulis où les pierres qui roulent ne doivent pas amasser beaucoup de mousse.
Après 10 mn, le profil devient plus régulier mais les lauzes de schiste rendent la progression lente sous la surveillance lointaine du groupe de 7, pendant qu'un un chamois apprend à galoper à son éterlou, ou la chèvre à son éterle ?
Arrivée à la cote 3.417m à 11h20, nous rencontrons 2 jeunes suisses en route, à droite, vers le col di Pousset et qui, après consultation de notre carte et de notre avis … tournent à gauche vers le sommet !
Le beau glacier del Trajo est environ 50m au-dessous et au visuel nous pouvons être assurés que le sommet pourra être atteint sans y mettre les pieds.
La poursuite de la montée se fait sur l’arête toujours dans les dallettes de schiste, avec quelques passages délicats, mais dans l’ensemble, il n'y a pas de difficultés majeures.
La Punta Rossa 3.630m fut atteinte à l’heure de référence des RS : midi dix, et nous pouvions découvrir une petite croix avec piolet,
une vierge sculptée dans un bois ivoire et une boite hermétique renfermant le livre d’or surmontée d’un genre de lumignon (sans doute alimenté au gaz de schiste !) et si vous passez par là, vous pourrez lire le petit mot écrit par Xavier sur le livre d'or.
Les 2 suisses étaient ravis de pique niqué avec nous et d'avoir fait, comme nous, le 9ème sommet du massif.
Le ciel était dégagé et nous pouvions admirer un magnifique 360° de hautes montagnes avec, juste à gauche la Grivola 3.969m toute proche, au loin de gauche à droite, du Mont Blanc au Mont Dolent : le Mont Combin, le Cervin, le Mont Rose. Au Nord Est, le Mont Émilius 3.559m. Au Sud la majestueuse Pointe d’Herbètet 3.778m paraissant plus haute que le Grand Paradis 4.061m plus lointain.

Ces magnifiques paysages resteront dans nos mémoires et ce n'est pas le retour en ligne avec quelques passages plus délicats qu’à la montée qui y changera quelque chose.
A l'arrivée au refuge vers 16h nous retrouvons le groupe de 7 qui regrettait déjà de ne pas nous avoir suivis et Annette qui a retrouvé des couleurs après une journée de repos à observer les navettes de l'hélicoptère chargé du ravitaillement et de l'enlèvement des déchets triés par catégorie.
Après le repas et l'escalope de veau en plat principal, la soirée sympathique pouvait commencer avec la Grole
offerte par le Gardien où chacun suçote successivement un téton aseptisé par l’alcool du téteur précédent.
A ce jeu, la grolle fit 3 tours où les adeptes du jus de fruit ne se firent pas prier et on peut se demander si ce n'est pas la cause de la guérison définitive d'Annette.
Recette : récipient en bois à 10 becs, café, gnôle, myrtille, génépy, …-, zeste citron/orange, sucre caramélisé par l’alcool flambé
Les jeux restèrent, ce soir là, dans les boites et chacun retrouva le dortoir vers 22 heures, car pour certains il y en avait plein les "grolles" et pour d'autres plein la "grolle".
+1075m, M=4h, H=6h30, D=10,7km (Col +610m, 2h)
Vendredi 27 juillet - Retour à Valnontey
C’est la fin, avec un semblant de grasse matinée avec un réveil vers 7h45 (La grolle ?)
Les sacs sont déjà bourrés au moment du petit déjeuné et après une photo d’adieu avec le sympathique couple « gardien » Isabella et Jean Finni, nous partions pour une belle mais rude descente par l'itinéraire 18A représenté sur la carte N°101 au 1/25.000 et qui était sensé nous faire passer par le hameau de Gran Lauson et les chalets de Tramouail et de la Toule.

La carte topo et la boussole ne serviront à rien et nous remercions d'avance tous ceux qui l'auront trouvé de nous prévenir !
-920m, H=2h30, D=4,7km
A l'arrivée à Valnontey vers 11h30 nous retrouvons les voitures sagement à leurs places et nous prenons la direction de Cogne
et le restaurant Rossignon, où une table avait été réservée depuis le refuge.
Jolie table dans une ambiance feutrée avec un repas apprécié par tous et surtout par Xavier, l'animateur du séjour, qui était l'invité des autres.
Les voitures de Claire et Bernard rentrent par l’itinéraire aller tandis que la voiture de Xavier profite, grâce à Simone, d'un passage gratuit par le tunnel du Mont Blanc.
Cet avantage considérable fut gâché par un pneu éclaté dans le virage … de Bonlieu à Annecy et a nécessité l’appel de Mondial Assistance (1h30) car la roue de secours qui était bien présente dans le coffre n'a pu être changée pour défaut de cric et manivelle !
Mireille et Gilbert assisteront jusqu'au bout le malheureux naufragé qui trouva que cet épisode était le plus dur de la semaine.